Financement des sports amateurs: des disparités qui soulèvent des questions

Plaidoyer pour un investissement plus équitable afin de promouvoir une société plus inclusive et dynamique à travers le sport.

Dominic Lefort

11/18/20244 min lire

a basketball hoop with a basketball going through it
a basketball hoop with a basketball going through it

Au niveau fédéral, le Canada a investi 300 millions de dollars canadiens (CAD) pour relancer le secteur du sport amateur, gravement affecté par la pandémie. Une partie de ces fonds a été allouée via Sport Canada, dans le cadre d’un programme qui soutient les organisations nationales, les initiatives de participation et les événements internationaux. Cependant, ces investissements privilégient souvent les sports médiatisés comme le hockey et le soccer, qui bénéficient également d'importants soutiens privés. En réalité, une telle concentration de ressources ne fait qu’élargir les inégalités existantes, en excluant les sports moins populaires mais tout aussi importants.

Au Québec, le budget 2023-2024 a consacré 410 millions CAD aux infrastructures sportives, récréatives et de plein air. Parmi ces fonds, 300 millions CAD sont destinés à de nouveaux projets, tandis que 110 millions CAD soutiendront des initiatives déjà lancées. Bien que ces financements incluent des projets pour les communautés rurales, les disciplines émergentes ou moins populaires reçoivent une part limitée de ces ressources. Pourtant, l’investissement dans une plus grande diversité de sports pourrait avoir un impact bien plus large sur la société, en réduisant les coûts liés aux maladies chroniques et en améliorant l'inclusion sociale.

Un soutien inégal selon les disciplines

Les sports populaires attirent naturellement plus d’attention, bénéficiant ainsi de financements plus conséquents. Le hockey, par exemple, profite d'importantes ressources pour ses infrastructures et le développement des talents. En 2022-2023, Hockey Canada a reçu une aide fédérale de 13,7 millions CAD, dédiée à la formation des joueurs et au développement des infrastructures nécessaires à ce sport. À l’inverse, des sports comme la gymnastique, le judo ou le patinage artistique peinent à obtenir des subventions suffisantes pour maintenir ou moderniser leurs installations. Par exemple, Gymnastique Canada a reçu 2 millions CAD pour développer des centres de formation, soit près de sept fois moins que Hockey Canada. Il est à noter qu'il y a seulement deux fois plus d'amateurs de hockey (600 000) que de gymnastique (300 000) au Canada.

En 2022-2023, Natation Canada a reçu environ 7 millions CAD en financement fédéral. Bien que substantiel, ce montant reste bien inférieur aux fonds alloués au hockey. L’objectif ici n'est pas de minimiser le financement du hockey, mais plutôt de souligner la nécessité d’une diversification des financements entre les différentes disciplines sportives pour favoriser une plus grande parité.

Pourquoi ces disparités ?

Les disparités de financement entre les sports découlent souvent de leur popularité et de leur capacité à attirer des spectateurs ainsi que des sponsors. Les sports médiatisés, tels que le hockey ou le soccer, bénéficient de ressources considérablement plus importantes, rendant ainsi plus difficiles l’accès aux sports moins populaires. Pourtant, bien que moins médiatisés, ces derniers offrent des avantages considérables en termes d'inclusion sociale, de diversité et de santé publique.

De nombreux programmes de financement visent à diversifier l'accès au sport. Par exemple, l'« Initiative Le Sport communautaire pour tous » a pour objectif de réduire les barrières d’accès au sport, en priorisant les groupes sous-représentés, comme les communautés autochtones, les femmes et les personnes en situation de handicap. Toutefois, malgré ces efforts, les sports dits « de base » reçoivent souvent moins de financement que ceux qui visent l’élite et le prestige international, souvent axés sur les médailles.

Le sport féminin, encore trop souvent négligé, est un autre domaine où une meilleure répartition des fonds est nécessaire. Bien que les athlètes féminines brillent sur la scène internationale – comme l'ont démontré les récentes performances des sportives canadiennes lors des Jeux olympiques – elles continuent de recevoir des ressources et une couverture médiatique bien inférieures à celles de leurs homologues masculins. De même, les initiatives locales qui intègrent des pratiques sportives traditionnelles autochtones, bien que prometteuses, restent sous-financées par rapport aux sports plus populaires.

Conséquences pour les communautés

Ces écarts créent un cercle vicieux : les sports sous-financés peinent à attirer de nouveaux participants, limitant ainsi leur développement. Le manque d’infrastructures modernes, l’insuffisance d'entraîneurs qualifiés et un accès restreint freinent leur expansion. De plus, les régions rurales et éloignées rencontrent des défis supplémentaires, les subventions étant souvent concentrées dans les grands centres urbains.

Un avenir sportif plus inclusif : une opportunité à saisir

Les gouvernements fédéral et provincial investissent des sommes considérables dans le sport amateur, mais les disparités entre les disciplines soulignent un défi majeur : comment répartir ces ressources pour maximiser leur impact social et communautaire ? Le hockey continuera de dominer en raison de sa popularité et de son attrait commercial, mais est-il juste que les disciplines émergentes ou moins médiatisées soient reléguées au second plan ?

À une époque où la santé publique et la cohésion sociale sont des enjeux cruciaux, il devient nécessaire de repenser nos priorités. Il est temps de considérer le sport non seulement comme un spectacle, mais aussi comme un outil de transformation sociale.

En soutenant une plus grande diversité de sports, les gouvernements ne se contenteraient pas de promouvoir un mode de vie actif, mais contribueraient à une société plus inclusive et dynamique. Le moment est venu de poser cette question fondamentale : investissons-nous vraiment dans le sport pour tous ?